Cercles des aubes et des crépuscules
Tu m'inspires et mes doigts te dessinent en traits forts... et tes traits se prolongent en moi... et créent les couleurs d'un paradis que je ne connais pas...
Je rejette mon pinceau de peur de ce qui m'est, jusqu'ici, inconnu... je prends ma plume et je t'écris des lignes que tu ne comprendras pas...
Je t'écris et ces lignes m'emportent sur ton rivage... pleurer les tombes qui le jonchent... combles de ces mondes que j'avais créés et détruits pour toi...
Je t'écris et ces mots me déposent sur ton rivage... et tes flots se jouent de moi...
Fatigue me prend alors... et je m'endors sur les notes de ton absence... et m'enterrent tes vagues au crépuscule et m'exhument tes flots que piétinent les chevaux à l'aube galopants... Dans leur tumulte, je m'estompe et nostalgie m'efface forces et efforts...
Et quand mon esprit me trahit et part à ta recherche, je me couvre des couleurs du soleil mourant et me visite la vielle mort... Elle me tâte, lasse, cherchant vie que je confine... mon corps, sans esprit, lui offre mes regrets et ma tristesse et, l'ignorant, elle me quitte, les mains vides...
A mon rêve, route, je prends, espérant le moindre des réconforts... et je rêve de ta porte... et, à ton seuil, je vois mon esprit et nul passage... Il me regarde et s'évapore... et sa buée me réveille et me rend à la vie que je t'ai voué...
Vie me reprend... nostalgique mère retrouvant son enfant errant... me sourit-elle et m'offre à la chance. Je la prends... je m'en repais... attendant ton retour... nourriture de mon esprit vacillant... nectar... ivresse de mon corps...
Je t'écris et ces lettres remuent des nuages de faux et d'irréel, me voilant la morne réalité... celle qui blesse... ton départ...
Je t'écris et ces écrits t'atteignent... les lisant, tu tais mon manque qui vient de bouger dans tes entrailles... et, ravalant les quelques mots qui s'en sont échappées, tu t'endors et s'endort, avec toi, mon inspiration...